Jeanne Susplugas travaille par séries… Séries de photographies comme des séries de points de vue, sans interrogation. Les images sont frontales, dures, parfois répétitives, accessoirement belles – ou normalement belles. Le beau est ici une qualité secondaire, l’enjeu est ailleurs… Dans le statut ambigu de ces images, révélées et décollées des standards par la lumière et la révélation des cristaux liquides… Ni photographie de photographe, ni reportage, ni photographie plasticienne… Un ailleurs accentué par le choix dérangeant des sujets : médicament, sexe, corps, arme, argent, pharmacologie… Des images froides, crues, parfois douloureuses ou blanches, mais qui ne cèdent jamais à la provocation ou au sensationnel… Des images qu’il faut effleurer pour remplacer et ainsi entrer, comme dans le travail de Jeanne Susplugas, en contact avec le sujet, passer dans une zone tactile que l’œil n’est pas habitué à gérer, cette zone hybride d’un regard haptique. La répétition des images et l’articulation des séries construisent une lecture addictive à la manière des comptines d’enfants où début et fin disparaissent, où l’on danse jusqu’à de petits comas, de légers éblouissements. La réalité ici est parfois factice, comme un placébo, comme une œuvre d’art…
Art Book Magazine

Pivotez votre écran pour voir les images plein écran selon leurs formats. Les légendes sont escamotables.