Art Book Magazine permet à franckDavid de réaliser son projet de livre monographique amorcé il y a douze ans, composé de cahiers compilés au fil des expositions et de ses projets.
Cette édition sera donc mise à jour au fil de son actualité.
Ce protocole illustre la manière dont l’artiste travaille et s’intéresse à tout ce qui entoure l’œuvre d’art : l’édition, la communication, le design... Contrairement à beaucoup d’artistes qui dissimulent ou réécrivent leur histoire, franckDavid a décidé d'inscrire ce processus de superposition et d’évolution dans sa pratique : il n’est pas question de remplacer ou de succéder mais bien d’écrire une histoire, un scénario au long cours qui se confronte au temps de l’artiste comme à celui du monde de l’art dont il dépend. Des temps qui s’accélèrent, se tendent et se distendent - parfois se rencontrent ou se décalent.
Ce catalogue suit donc franckDavid mais souligne aussi l’évolution des outils d’édition et des styles ainsi que la manière dont les artistes se les approprient de plus en plus depuis une dizaine d’année.
Nous sommes donc très heureux de vous présenter cette édition originale et pertinente en résonance avec notre projet éditorial et les démarches artistiques que nous soutenons.
Art Book Magazine

Dans le travail de franckDavid, la thématique de l’invisibilité est récurrente. Elle semble toujours présente ou proche, épousant des manières très diverses, des formes inattendues. Le plus souvent, l’invisibilité est simplement la qualité de ce qui a disparu et c’est la disparition qui est au cœur de la recherche - la disparition des couleurs - la disparition du sujet - la disparition de la lettre, du mot. Mais l’invisibilité, c’est aussi, comme Poe l’a illustré, l’excès de visibilité ou même, pour extrapoler, le mépris de l’évidence.
Le travail de franckDavid procède généralement à partir de formes ou d’objets élémentaires qui prennent leur source dans le quotidien (grains de beauté, pétale de rose, aile de papillon, fragment de puzzle, ongle, boîte de conserve, punaise métallique, empreinte digitale...) dont il cherche à déployer, en quelque sorte, le maximum d’expansion catastrophique, dans le sens défini par le mathématicien René Thom dans sa célèbre Théorie des catastrophes (1972), lorsque la situation physique entraîne des modifications de la stabilité morphologique d'un objet. L’idée du puzzle qui articule nombre d’œuvres est non seulement celle de l’attachement au détail, au fragment qui génère des sens nouveaux, mais aussi celle d’un exercice de tâtonnement nécessaire afin de reprendre possession du monde.
franckDavid utilise une sorte de sampling iconique qui traverse en les mixant des états d’images, une sorte d'équivalence absolue de toutes les natures et sources d’images qui s’annulent quant au sens, mais prennent valeur d’interrogation éthique, la nature des images dans leur diversité hiérarchise ce que les sujets n’ont pas su garder d’autonomie. franckDavid construit par le biais de l’art une phénoménologie du quotidien qui ne peut paraître absurde qu’à la première lecture. Pour lui, il s’agit de redonner lieu au lien terrestre des êtres et des choses.
Il a été fait usage ici d'extraits des textes suivants : Anne-Marie Morice, Glissements progressifs des sens  in Synesthésie n°7 / Christian Gattinoni in catalogue Les trahisons du modèle, exposition au Havre, juillet 00 / Pierre Brullé, L’ange gardien  in Véra Iconica n°2 / Sophie Duplaix in catalogue Images mobiles, exposition au centre d’art de Nicosie, Chypre, nov-fev 01 / Vincent Labaume in Art-Press n°246.
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